Par E.A.S.T. (Essential Autonomous Stuggles Transnational – Luttes autonomes essentielles transnationales)

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Depuis deux ans déjà, nous vivons dans une pandémie mortelle. Deux ans que le travail que nous faisons est revendiqué comme essentiel tandis que nos vies restent insignifiantes. Dans ce contexte, le défi pour notre 8 mars transnational est de montrer les liens entre des agendas néolibérales et ultra-conservatives qui portent et en même temps profitent des plans de redressement nationaux et européens – et de construire nos capacités pour les refuser.

Plusieurs gouvernements des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ainsi qu’autour combinaient des mesures technocratiques de redressement avec des méthodes plus en plus autoritaires. Prenant la pandémie comme excuse pour mettre en place de la violence de l’état absolue, ils ont poussé des politiques contre des femmes et minorités ethniques :

  • la Hongrie a adopté une loi renforçant le rôle secondaire des femmes dans des familles et la société en général, a exclu des personnes trans de faire changer leurs documents, et a introduit une loi contre des sujets LBTQIA+ dans les médias et l’éducation ;
  • la Pologne a passé un interdiction d’avortements qui a coûté déjà des vies de femmes et en met en danger beaucoup plus ;
  • la Turquie s’est retirée de la Convention d’Istanbul, a intensifié sa répression, ses arrêts et ses meurtres des activistes kurdes et féministes, et poursuit des plans d’abolir des pensions alimentaires pour des femmes divorcées.

Dans ce contexte hostile, ce sont des femmes, personnes LGBTQIA+, minorités ethniques et des activistes antifascistes qui se sont fait arrêté.e.s, et, comme en Bulgarie ou en Géorgie, attaqué.e.s par des groupes d’extrême-droite.

Ce vague ultra-conservative en PECO et au-delà s’ajoute d’une manière fourbe aux solutions néolibérales proposées par l’UE « progressiste ». En équipe avec des gouvernements nationaux, cette dernière a établi des nouvelles conditions d’exploitation, de division de travail raciste et sexiste, et d’oppression par les plans de redressement.

Des plans de redressement néolibérales sont en fait en train de produire et renforcer des hiérarchies internes, régionales et transnationales qui ne visent qu’une partie gagnante : le grand capital. Des travailleuses et travailleurs essentiel.le.s sont exclu.e.s de ces mesures de redressement. Beaucoup de femmes se trouvent en face de chômage et de travail à temps partiel involontaire, souvent à faire du travail care non-payé à la maison. Surtout des travailleuses de care migrantes se trouvent tenues à l’écart de prestations sociales et de quotas d’immigration. La transition verte menée de marché cause en masse des licenciements et la libéralisation des sources énergétiques fait augmenter les coûts d’utilisations, ce qui menace nos survies. La réhabilitation énergétique des logements et la gentrification des espaces urbaines provoquent des conditions de vie surchargées, des hausses de loyers et des expulsions massives. Cependant, le stock de logements sociaux n’y répond pas à la demande croissante. 

De plus, la stratégie de l’UE pour l’égalité entre les hommes et les femmes se présente comme une alternative au conservatisme, mais promeut en fait l’agenda néolibérale en reproduisant des hiérarchies raciste, patriarcal et fondées sur l’exploitation. Cette stratégie UE – copiée par des pays hors de l’union aussi – dispose que les états membres exécutent le suivant : une réduction d’impôt sur les sociétés pour inciter l’embauche des femmes ; des coupes de prestations sociales, forçant des nombreuses femmes à entrer sur le marché du travail pour des salaires misérables ; des allocations pour payer des gardes d’enfants et des travailleuses/travailleurs de care aux pays accordant des restants de protection sociale.

Cette stratégie divise les femmes supposées à dédier plus de temps au travail « productif » de celles qui devraient effectuer des travaux de care pour des salaires invivables. Il est tenu pour acquis qu’autres femmes, surtout des migrantes, prendront en charge le fardeau reproductif pour des salaires misérables. Ces dernières le font souvent sous le chantage du titre de séjour, les abus de leurs patrons, la menace constante de perdre salaire et logement, tout en quittant leur propre famille. Le but sous-jacent est de supporter les femmes de classe moyenne alors que des nouvelles hiérarchies sont crées et celles déjà-existantes sont approfondis selon les lignes de classe, « race » et location géographique. Dans ce contexte transnational, les PECO fonctionnent comme un réservoir de travail productif et reproductif pas-cher, faisant profiter le capital local et celui de l’ouest. L’idéologie ultra-conservative s’introduit dans ce projet : insister sur des valeurs familials traditionnels tend comme acquis la division sexiste du travail, selon laquelle ce sont les femmes qui fournissent aux travaux essentiels du ménage.

Malgré les différents contextes, nous avons une forte envie de lutter contre la prévalente oppression du patriarcat, l’exploitation capitaliste, le racisme et l’homophobie. Ces derniers mois, nous avons vu et nous avons participé à des protestations émergentes, des grèves et des luttes à travers l’Europe et au-delà : les marches du 25 Novembre et actions contre les violences croissantes patriarcales ; les grèves des agents d’aide sociale en Géorgie ; les protestations des mineurs en Bulgarie ; les conductrices/conducteurs de bus et de métro allant en grève en Roumaine, les manifestations contre la transition ‘verte’ néolibérale aux Balkans et les indignations contre des prix d’énergie augmentés en Kazakhstan.

La question est de comment transformer nos luttes en une forcée collective et transnationale, comment nourrir la communication politique et créer des conditions pour une grève sociale commune. Inspirées par les luttes en cours, nous déclarons notre plan pour une reconstruction féministe pour le 8M et au-delà ! Le 8M est un moment important pour unir nos forces au niveau transnational sur les terrains de lutte suivants :

Violence patriarchale et fasciste

Pour les États patriarcaux et les organisations fascistes, les femmes sont subordonnées et doivent être réduites au rôle d’incubatrices et de soignantes, tandis que les personnes LGBTQI+, les migrant.e.s, les minorités religieuses et ethniques sont traité.e.s comme jetables. Nous ne laisserons pas les reprises fascistes ou conservatrices renforcer l’idée de la famille nucléaire et des institutions patriarcales. Plus d’attaques contre notre existence et contre nos libertés sexuelles et reproductives !

Exploitation de travail

Nos sociétés n’auraient pas survécu sans les travailleuses/travailleurs essentiel.le.s – celles et ceux de la santé, sociales et soignantes (rémunérées ou non), enseignant.e.s, ouvriers/ouvrières de la logistique et de l’agriculture, employé.e.s d’épicerie, travailleuses/travailleurs de l’assainissement. Pourtant, les plans de redressement nationaux et européens ne les mentionnent même pas – aux côtés d’autres travailleuses dont les droits ne sont pas reconnus, comme les travailleuses du sexe. Nous rejetons l’impératif capitaliste qui catégorise les gens comme essentiels seulement tant que leur travail est exploitable ! Nous demandons un redressement qui place au centre la reproduction sociale, le logement public et social, ainsi que le travail de care et les secteurs qui y sont connectés. Nous voulons des salaires européens plus élevés et égaux ; la liberté de mouvement et le bien-être pour tou.te.s, que nous soyons des migrant.e.s, sans abri ou des personnes qui n’ont pas d’emploi rémunéré ou dit ” formel ” !

Institutions racistes et régimes de frontières

Des migrant.e.s et minorités ethniques souvent manquent de l’accès aux systèmes d’aide sociale et autres ressources importantes. Elles/ils sont sujets du racisme institutionnel et du chantage du permis de séjour. Nous exigeons la permission de résidence inconditionnelle en Europe et de bien-être pour tou.te.s migrant.e.s, personnes réfugiées, demandeuses/demandeurs d’asile et minorités !

Transition ‘verte’ capitaliste

Les régimes capitalistes veulent nous convaincre que “les gens en général” sont responsables de la crise climatique et non les conditions de la production et de l’extraction qui se fondent sur l’exploitation. Ils veulent nous faire croire que les pauvres doivent payer le prix de la transition verte. Nous demandons des garanties d’emploi pour les secteurs de l’économie en transition et des investissements pour des emplois dignes qui bénéficient aux communautés et aux écosystèmes. Les fonds de redressement ne doivent pas servir au secteur privé, mais plutôt fonctionner comme « empowerment » aux femmes, aux personnes LGBTQIA+, aux migrant.e.s, travailleuses/travailleurs et autres groupes marginalisés.

Crise de logement

Nous demandons l’arrêt de toutes les expulsions forcées et le relogement immédiat des personnes sans-abri et celles vivantes dans des environnements toxiques ou dans des espaces surpeuplés. Nous exigeons des politiques de logement antiracistes, ainsi que des conditions de logement justes pour les personnes réfugiées et les demandeuses/demandeurs d’asile. Nous demandons un soutien pour les survivantes de la violence domestique et des possibilités de relogement sur demande. Nous exigeons que les fonds de redressement soient consacrés à la construction et à la garantie de logements publics et sociaux. Nous voulons du logement sûr et abordable pour tou.te.s, au lieu que le secteur de logement soit traité comme une marchandise à but lucratif.

Avec ces demandes essentielles, nous rejetons la reconstruction néolibérale et conservatrice et invitons chacun.e à rejoindre la lutte pour une reconstruction féministe le 8 mars et au-delà ! Luttons contre le capitalisme patriarcal et raciste, et exigeons un monde post-pandémique où non seulement notre travail, mais aussi nos vies soient essentielles !